Masha'ael Peerbux : « Beaucoup de personnes disent que manger bien et prendre soin de sa santé ça coûte cher, je trouve que c'est l'inverse ! »
Des entreprises conjuguent leurs efforts avec Foodwise pour la collecte et la redistribution de la nourriture gaspillée.
Le site d’enfouissement de Mare Chicose est saturé et 27% des déchets sur place sont de nature alimentaire. Un tiers de la nourriture produite dans le monde est jeté, et à Maurice ces chiffres ne sont pas différents. 279 kilos de nourriture sont jetés à la minute, soit l’équivalent de 1 000 repas. Les chiffres sont éloquents et la nourriture est la première source de déchets à Maurice, devant le plastique, entre autres. FoodWise accompagne plusieurs entreprises dans le processus de réduction du gaspillage alimentaire. Deux d’entre elles ont témoigné de leur expérience lors d’un webinaire : Rogers Hospitality et Quality Beverages. Grâce au soutien de Foodwise, ces deux entreprises contribuent activement à réduire le gaspillage de nourriture, chacune à leur manière.
À part de récupérer la nourriture qui n’a pas été consommée et qui est propre à la consommation dans les hôtels, restaurants et supermarchés, l’entreprise FoodWise vient de lancer le concept de micro-dons. Elle récolte de petites contributions financières auprès des clients de certains établissements pour acheter des repas pour les offrir aux nécessiteux. Une initiative qui a été lancée dans un premier temps avec les hôtels de Rogers Hospitality, dont Veranda Tamarin.
Rebecca Espitalier-Noël de FoodWise explique que les micro-dons sont « de petites donations individuelles qui permettent de récolter des sommes considérables lorsqu’elles sont cumulées. Avec Rogers Hospitality, ces micro-dons sont inclus dans la facture de chaque client. Rs 100 sont ajoutées par facture. » Pour le moment, trois hôtels de Rogers Hospitality sont engagés dans ce projet de micro-dons et Rs 450 000 ont été récoltées. Le projet a débuté vers fin 2020. Les Mauriciens qui ont séjourné dans les hôtels avant la réouverture complète des frontières ont d’ailleurs eux-mêmes également participé à ce projet de micro-dons.
Alexandre Piat, Sustainable Development Manager de Rogers Hospitality, explique que la collaboration avec FoodWise se faisait déjà avec la collecte et la redistribution de la nourriture gaspillée et que le projet de micro-dons a été mis en place au sein des établissements avec des panneaux à l’accueil et une communication en chambre (guest letter) afin de sensibiliser les touristes à l’importance de leur contribution financière. « FoodWise gère le projet très bien et nous fournit même les chiffres à la fin de chaque mois et c’est important pour nous afin de pouvoir faire un suivi », dit-il.
« Faire du bien »
Comment ça marche ? Une somme précise (Rogers Hospitality a opté pour Rs 100) est directement incluse dans la facture des clients mais le client a la possibilité de l’enlever. Les enfants de moins de 12 ans ne sont pas concernés par cette action sociale. Pour Christophe Montocchio, Directeur de Veranda Tamarin, « le micro-don n’est pas une obligation, cela doit venir du cœur. Nous donnons juste la possibilité aux clients de faire du bien. » Il estime que le taux de participation des clients sera entre 50 et 60%, voire plus. Rebecca Espitalier-Noël précise que la somme prélevée sur la facture peut être inférieure à Rs 100, car elle reste à la discrétion de l’entreprise qui veut se lancer dans cette opération.
Dans les prochains mois FoodWise espère étendre ce projet à tous les hôtels de Rogers Hospitality et à d’autres entreprises et hôtels qui en feraient la demande. « Nous n’avons pas d’objectif précis. Nous avons voulu lancer le projet et voir si cela intéresse d’autres entreprises. » Christophe Montocchio est satisfait du retour client à ce jour. Les clients posent des questions sur les affiches et s’intéressent au projet.
Le projet de micro-dons a été présenté lors d’un webinaire récemment, l’occasion pour Foodwise de rappeler les dégâts du gaspillage alimentaire. En outre, les déchets alimentaires ont des effets néfastes sur l’environnement car la nourriture en décomposition émet du méthane, qui peut être dangereux pour la santé car de fortes concentrations de ce gaz peuvent provoquer des asphyxies. En outre, un enfant sur quatre souffre de malnutrition à Maurice. Rebecca Espitalier-Noël explique que 17% des foyers éprouvent des difficultés à trouver de la nourriture.
« Do more for the planet »
Du côté de Quality Beverages Ltd, l’engagement contre le gaspillage remonte à quelques années déjà. Inigo de Prado, CEO de QBL, rappelle les derniers développements chez QBL, dont le lancement du ‘iced tea’ en 2013, les marques Tropicana et New Mountain et la distribution de marques de produits alimentaires comme Lays et Doritos. Concernant Pepsi, la boisson phare du groupe, il dira que « avec la marque, nous travaillons à réduire le taux de sucre dans cette boisson. » QBL compte quatre lignes de production pour les boissons sur son site de Belle-Rose où elle produit sur une période donnée 60 millions de litres et plus de 50 millions de bouteilles. À Trianon, elle compte une ligne pour la production de 2,3 millions de kilos de nourriture et en importe pour 2,1 millions de kilos. L’entreprise compte 560 employés et les femmes comptent pour 40% de son management team.
Parallèlement, Inigo de Prado insiste que la priorité est de « do more for the planet », notamment avec la réduction de l’utilisation de ‘virgin PET’ car les contenants sont réutilisés autant que possible au lieu d’être jetés. Au niveau des déchets, le CEO de QBL explique que 80% des déchets de l’entreprise sont réutilisés ou recyclés. Nooreen Peeraully, Factory manager chez QBL, explique que les emballages endommagés sont « inévitables » dans la pratique quotidienne, « nous pouvons diminuer ce phénomène mais nous ne pouvons l’éliminer à 100%. Il y a aussi des couvercles cassés, des étiquettes déchirées ou des sachets de sucre abîmés et ce qu’on appelle des dates courtes. Mais dans la plupart des cas, ce qui est important c’est que les produits eux-mêmes ne sont pas abîmés et toujours propres à la consommation. »
Ainsi, QBL collabore avec FoodWise, soit au travers de dons réguliers mais aussi occasionnels. Les dons réguliers sont surtout les produits qui ont été gardés comme échantillons de qualité et les dons occasionnels sont surtout les produits à dates de consommation courtes et les produits presque périmés.
Au chapitre alimentaire, QBL met sur le marché une variété de produits dont de la margarine, du beurre, de la pâte à tartiner, des tomates, des crèmes custard, du sucre, du café et de l’eau pétillante, entre autres. Les produits retournés par les clients sont aussi récupérés pour être distribués aux plus vulnérables. « Les produits retour sont récupérés par nos chauffeurs chez les clients, reviennent au store et des vérifications sont effectuées et il y a un contrôle et un tri. Si les produits sont propres à la consommation ils sont donnés à FoodWise sinon ils sont détruits », explique Nooreen Peeraully.