En principe, les ONG reçoivent des fonds du National CSR et d’autres bailleurs de fonds. Elles ont déjà un budget pour la nourriture. Votre intervention auprès d’elles ne vient pas dupliquer une action existante?
Les ONG ont de moins en moins de fonds du NSCR. La plupart d’entre elles utilisent un gros pourcentage de leur budget dans l’achat de nourriture. Si elles économisaient cet argent, elles pourraient investir dans d’autres choses. Par exemple, une école avec laquelle on travaille peut désormais économiser Rs 10,000 par mois. Elle a investi dans du gazon synthétique pour permettre à ses bénéficiaires de pratiquer un sport. Une autre école peut payer une psychologue.
Par ailleurs, les ONG connaissent mieux les bénéficiaires. Nous n’avons pas envie d’aller sur un projet sans connaître le terrain et ce que les gens pourraient faire de la nourriture. Nous faisons confiance aux ONG qui ont l’expertise en la matière. En nous associant avec des ONG, nous savons que la redistribution de la nourriture a aussi d’autres objectifs, notamment la baisse de l’absentéisme quand les bénéficiaires sont des enfants scolarisés. Elle peut servir de stratégie d’approche pour les ONG. Cela nous convient car nous ne voulons pas que la redistribution alimentaire encourage l’assistanat.
Néanmoins, la croissance économique de Maurice, pas loin de 4%, est telle que le pays peut investir dans des projets d’infrastructure colossaux, alors que vous, vous êtes en train de pourvoir de la nourriture à des personnes les plus nécessiteuses. Il y a comme un paradoxe, là!
– C’est un paradoxe! La malnutrition est une réalité: le gouvernement et la société doivent ouvrir leurs yeux sur cela. Quand je me suis lancée dans ce projet, je savais que le gaspillage alimentaire à Maurice était conséquent et qu’il y avait des familles dans le besoin. Dans des écoles, il y a des enfants sous-alimentés car le coût de la nourriture, surtout nutritive, à Maurice est très élévé. Beaucoup d’enfants ne mangent pas assez après les deux premières semaines du mois parce que les “commissions” achetées sont terminées. À Curepipe, où l’on ne se douterait pas de l’existence d’enfants mal nourris, on nous a rapporté qu’il y a des enfants en sous-poids et qui n’ont pas la taille de leur âge.